Censorplay est une série continue créée en 2021 par l’artiste gantois Tom Van den Wijngaert.
En 2018, la plateforme Tumblr annonçait une suspension des contenus adultes and explicites. Même si je ne postais pas vraiment de contenu “explicite” dessus car j’étais un peu trop complexé par mon corps, c’était quand même un choc. J’ai eu une sorte de déclic. Un rappel que la dépiction de l’épanouissement sexuel, en particulier celle de personnes queer, demeurait sous attaque. Que ce que nous considérions comme des “safe spaces” pour nous exprimer (notamment sexuellement) pouvaient facilement nous être confisqués.
Sur Instagram, je suis témoin de mes amis de la bataille de mes amis face aux banissements et suppressions pour avoir posté du contenu perçu comme inapproprié, et ce, même lorsqu’ils font de leur mieux pour ne pas trop dévoiler de leur corps en conservant l’intégrité de leur travail. Entre-temps, je vois d’autres créateurs ne pas être soumis aux mêmes règles, juste parce qu’ils sont des figures publiques, plus acceptées socialement.
Le travail du sexe, l’érotisme, et les arts queer sont constamment chassés de la sphère publique. Même dans des contextes artistiques nous sommes trop souvent vus comme des marginaux plutôt que comme de réels acteurs du monde de l’art qui doivent être pris au sérieux.
Censorplay est un commentaire espiègle sur le sujet. Pour moi, il s’agit de poser la question : qu’est-il plus important de dissimuler ? Que pouvons-nous montrer, que ne pouvons-nous pas montrer ? Que voulons-nous montrer ? La série est la première partie d’une recherche plus approfondie sur la censure et l’exposition de contenu sexuel.
Les images proviennent de vieux magazines publicitaires trouvés dans un magasin de seconde main pornographique. Comme une sorte de Grindr avant l’heure d’internet, on pouvait écrire à ces publications avec ses infos personnelles dans l’espoir d’aguicher un correspondant. Au côté de ces annonces, les pages sont chargées d’histoires érotiques et de photos. Même ces magazines sont censurés : la plupart des organes génitaux et des représentations de pénétration sont noircies. Parfois j’ai de la chance et je trouve des copies sans tous ces filtres. Ces images sont la base idéale pour mes peintures. Je les reproduis et peint au-dessus en utilisant des couleurs vives, inspirées des couvertures des originaux.
La première partie de la série est recueillie dans un livre, imprimé en 50 exemplaires.
Tom van den Wijngaert
Vernissage le 07/04 à 18h –
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