Avec Freeride in the dirt, Nicky Lapierre continue le minutieux inventaire des différentes époques de sa vie, et arbitre dans le même temps toutes les conversations qui découlent de cet archivage à taille humaine. Entre teenage angst, solitude des grands espaces, et triste folklore du rêve américain, ses oeuvres faussement naïves font cohabiter la joie (parce que la liberté) et la peine (parce que la solitude) d’être un lonesome cowboy, dans un monde où les images naissent et meurent en accéléré. C’est dans cette décomposition presque organique de références pop culture, de souvenirs de jeune adolescent et d’espaces inhospitaliers qui ont un jour été une cabane, que Freeride in the dirt puise toute sa matière, pour finalement devenir un ensemble halluciné que l’on parcourt comme au volant d’une muscle-car, retrouvant à chaque paysage le sentiment angoissant mais familier d’être déjà au bord du gouffre. Car si Casper copine avec Buggs Bunny, et que Piggy n’est pas loin d’avoir vendu son âme au diable, les oeuvres de Nicky Lapierre sont surtout des images lucides du metaverse dans lequel nous vivons – un monde où les curseurs de l’absurdité et de la violence auraient été poussés à leur maximum, et où la question de la fin du monde est déjà obsolète. Freeride in the dirt se place dans le futur programmé de nos sociétés saturées d’images, de concepts et de symboliques, et tente de répondre à la gestion urgente du trop plein, qu’il soit philosophique ou matériel.
Texte par Nanténé Traoré
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