Pour sa première exposition solo en galerie, Zyle conte son rapport au monde et à elle-même à travers ses dessins. Avec Créature(s), Zyle rend hommage à son alter-ego. Créature est défini comme « ce qui est créé par les mains de quelqu’un », « qui est façonné de toutes pièces par une volonté ». Ce terme renvoie Zyle à la notion de femme manipulée et modelée par la société patriarcale. La Géante ne correspond pas à la norme ; à la fois attirante et séduisante, elle est aussi repoussante et agressive. C’est un être doux mais aussi violent, aux mœurs légères et vénal, étrange et marginal, qui use les codes d’un système dominant pour le déstabiliser.
Pour se libérer des carcans, elle se créé un alter-ego lui permettant de recréer et réinventer ses identités, renouer avec sa puissance mais aussi sa vulnérabilité. La Géante, à mi-chemin entre l’humain et le monstre, hybride et chimérique, est une créature qui l’aide à surmonter les obstacles qu’elle ne pense pas pouvoir dépasser seule. Zyle imagine cette jumelle avec des attributs efféminés exagérés. Le glamour, les strass, les paillettes, la dentelle, la vulgarité, la pétasserie ; tout un attirail pour se préserver, s’aimer soi et exister autrement. L’artiste et son alter-ego se portent l’une l’autre, s’épaulent et sont fières.
À travers ses dessins originaux qui témoignent de son évolution artistique depuis ces 4 dernières années, l’artiste extériorise ses pensées, fait part de ce qui la traverse et dénoue les blocages de son psyché. Accompagné majoritairement d’une palette de couleurs vives, son style est marqué de traits bruts, dans un style naïf et sincère où l’imperfection est volontaire. Dans ses œuvres, La Géante à la peau rose remplace l’artiste. Aussi personnifiée comme louve, l’alter-ego expose les états d’âme de l’artiste, ses relations aux autres, son travail du sexe, ses inquiétudes et ses rêves.
Zyle est une artiste illustratrice autodidacte et travailleuse du sexe basée à Bruxelles. Elle commence sa pratique artistique à travers les mots. L’artiste griffonne ensuite sur des bouts de papier avant d’explorer sa créativité dans des carnets. Petit à petit, elle agrandit les formats, son trait devient plus sûr, ses mots plus affirmés et la couleur perce le papier. À travers ses dessins, Zyle crie, sa colère gronde, la feuille devient l’endroit où elle peut exister vraiment. Ses œuvres mêlent dessins et textes, douceur et agressivité, féminin social et monstruosité. Dans son travail, l’artiste raconte le sexisme, l’égo, le travail du sexe, la patriarcat, la peur, la colère mais aussi l’amour de soi et la sécurité, le tout par le prisme de sa vie privée. Elle travaille actuellement sur sa première bande-dessinée.
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