Pour son exposition à la galerie That’s What X Said à Bruxelles, Clémence Vazard présente deux séries d’œuvres qui sont nées de voyages et de rencontres au Mexique. Les œuvres dialoguent entre elles, remettant en question notre perception des identités et de leur représentation. L’aspect collaboratif du travail de Vazard est essentiel, ainsi que l’importance du recueil de témoignages intimes et de différentes visions de la féminité à travers sa pratique artistique.
Rouge à lèvres pour peinture, papier miroir tendu sur un cadre pour toile. Pour la série “Beyond Self Reflection”, Clémence Vazard nous fait part de témoignages recueillis lors de son séjour au Mexique en 2020, en France en 2021, et plus récemment à Londres. Ainsi, pour cette œuvre collaborative, elle a demandé à des femmes de partager avec elle des phrases qu’elles parfois préfèrent taire afin d’être acceptées par leur entourage et la société.
Les lettres sont peintes de gauche à droite sur les miroirs comme si elles avaient été écrites par une personne de l’autre côté. Ce jeu de réflexion interroge la réalité du monde dans lequel nous vivons et les normes de représentation pouvant nous empêcher d’exprimer nos identités en toute sincérité.
“I am more than the color of my skin”, “I am removing the walls that I didn’t build”, I am a voice for justice and equality”, “I am exactly the person I wanted to be”. Comme un mantra, ces messages engagés nous donnent du pouvoir et nous connectent dans un sentiment de sororité et d’adelphité.
“INMACULADXS” est la récente série de photographies brodées de Clémence Vazard, imprimées sur du tissu durable. Il s’agit de portraits de la sorcière et performeuse La Bruja de Texcoco, embrassant la posture et les vêtements de la « Virgen de Guadalupe » – icône religieuse mais aussi politique, symbole du syncrétisme culturel au Mexique. Des sequins sont brodés sur le tissu imprimé, reflétant les infinies facettes des identités et des apparences que l’on peut avoir et célébrant les transidentités.
Inmaculadxs, 240 x 140 cm, a été créé lors de la résidence de l’artiste à la Casa Roga, en collaboration avec Aura Olvera Matamoros, sociologue, chercheuse en textile et artiste brodeuse, et avec l’artiste et artisane Erandine de Saint Phalle. Ce travail de broderie recueille les émotions, les histoires partagées et les expériences sur la féminité exprimées pendant sa création.
La série de broderies numériques a été développée dans le cadre du projet de recherche de Vazard à la Central Saint Martins à Londres.
“Nous parlons un autre langage. Ils disent représentation. Nous disons expérimentation. Ils disent identité. Nous disons multitude. (…) Ils disent crise. Nous disons révolution.”
Paul B. Preciado, Un appartement sur Uranus, 2019
Texte de Marie de Ganay
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